VERITE

"Croyez ceux qui cherchent la vérité, doutez de ceux qui la trouvent." André Gide

"Il ne faut pas dire toute la vérité, mais il ne faut dire que la vérité." Jules Renard

"La vérité est le soleil des intelligences." Luc de Clapiers

"Je me sens parfaitement honnête homme, c'est-à-dire dévoué, capable de grands sacrifices, capable de bien aimer et de bien haïr les basses ruses, les tromperies."

La vérité n'est pas faite pour consoler comme une tartine de confitures qu'on donne aux enfants qui pleurent. Il faut la rechercher, voilà tout, et écarter de soi ce qui n'est pas elle.

G. Flaubert

"Il n'y a de réussite qu'à partir de la vérité." Charles De Gaulle (Mémoires)

Times

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mardi 10 mai 2011

Harcelle moi le ciel t'aidera



Enquête : le harcèlement moral au travail

Sommaire

Au cœur du problème : l’estime de soi

" Les victimes idéales des pervers moraux sont celles qui, n’ayant pas confiance en elles, se sentent obligées d’en rajouter, d’en faire trop, pour donner à tout prix une meilleure image d’elles-mêmes ", indique Marie-France Hirigoyen. Chez les pervers eux-mêmes, elle note un fonctionnement en miroir : l’autre, nié dans son individualité, est le reflet par lequel ils se sentent exister. Ils projettent sur lui les failles qu’ils refusent d’admettre en eux et se nourrissent en se valorisant à ses dépens. Autrement dit, les premières et les seconds ont, sans le savoir, un point commun : le manque d’estime de soi. Or, remarquent tous les thérapeutes, on assiste aujourd’hui à une recrudescence des pathologies du narcissisme – de l’image et de l’estime de soi –, cette capacité fondamentale à s’évaluer et à s’aimer.
Cette violence insidieuse pourrait donc être interprétée, au même titre que la toxicomanie ou la délinquance, comme la marque d’une époque où les moi des individus sont fragilisés, déstructurés par l’absence de repères éducatifs ou de valeurs morales. Elle serait une caricature de l’affirmation de soi. " Les pathologies du narcissisme sont des pathologies de l’insuffisance, explique encore Marie-France Hirigoyen. On demande aux gens d’être toujours plus performants, de sorte qu’ils ne sont jamais à la hauteur ! " Résultat, on confond pouvoir et emprise, autorité et autoritarisme. Pour être un " battant ", on croit qu’il faut " battre " les autres. " Nous vivons dans une société “désérotisée”, c’est-à-dire peu axée sur l’échange verbal, l’élan, la parole mais massivement sur la maîtrise, confirme le docteur Yves Prigent, psychanalyste et coauteur, avec Joaquin Scalbert, d’un brillant essai, “Parole et Désir dans l’entreprise” (3).
Les personnalités contraignantes ne communiquent pas avec autrui, elles l’assignent à telle ou telle position. " Ce n’est pas un hasard si François Lelord et Christophe André, psychiatres, ont publié il y a deux mois un ouvrage sur l’estime de soi (4) : " En travaillant sur les agressions subies par les conducteurs d’autobus de la RATP, nous avons été étonnés de découvrir qu’ils étaient parfois plus choqués par un crachat ou par une insulte reçus d’un préadolescent devant les autres passagers, que par une agression physique de la part d’un adulte : leur estime de soi souffrait plus de la provocation du premier que de l’altercation avec le second. "
3- Desclée de Brouwer, 1999. 
4- “L’Estime de soi”, Odile Jacob, 1999. 

La résistance s’organise

Une vaste prise de conscience est en marche : Mots pour maux, une association de médecins du travail et de psychanalystes, propose un accueil aux victimes de harcèlement dans l’entreprise. Dans un colloque de la Cnam, on s’inquiétait des "risques de maltraitance aux personnes âgées dépendantes", des personnes "faciles" à humilier, à délaisser... Point d’orgue de ce mouvement : Les 1er et 2 octobre prochains ont été décrétés "Journées nationales sans violence". Et les organisateurs (La Croix-Rouge, le Secours catholique, le Secours populaire, Emmaüs, ATD Quart-Monde, l’Armée du salut) de préciser : "Toutes les violences : incivilités, exclusion, pauvreté, violences institutionnelles, urbaines et... psychologiques."    
"De toute façon, souligne Viviane Monnier, déléguée nationale de la fédération de Solidarité Femmes, la violence psychologique précède toujours la violence physique, même si elle n’en est pas forcément suivie." Ces actions ont donc aussi une précieuse valeur de prévention.
Chacun de nous est amené à s’interroger : "Est-ce que je respecte l’autre en tant que sujet ?" "Moi-même, suis-je respecté dans cette relation ?" "Quelles limites réciproques nous imposer ?" Si notre seuil de tolérance à la violence recule, c’est sans doute le signe d’une évolution collective et individuelle, psychique et spirituelle, positive. Une évolution vers plus de lucidité, donc plus de vulnérabilité, mais aussi plus d’empathie avec la souffrance de l’autre. Sommes-nous prêts à proclamer, comme le préconisait Térence (150 av. J-C), poète latin qui inspira Molière : "Homme je suis, rien de ce qui est humain ne m’est étranger" ? 

PROFILS :

Portrait d’une victime.         
Douée, consciencieuse, avenante, la victime consacre son énergie à donner le meilleur d’elle-même. Des qualités, précisément, que le pervers convoite. Plutôt vive et extravertie, elle a tendance à exprimer haut et fort ses réussites et ses bonheurs. Des attributs (statut social, créativité…) dont le pervers cherche à la dépouiller. Elle se fait donc en quelque sorte vampiriser. Généreuse de surcroît, elle ne peut se résoudre à la perversité et il n’est pas rare qu’elle cherche des excuses à son bourreau. Ce qui accroît sa vulnérabilité, c’est son sens des responsabilités et sa propension à se culpabiliser. C’est par là que le pervers l’" accroche " : touchée dans sa peur de faillir, elle admet trop facilement la critique et se tue à donner satisfaction. Avant de se résoudre (ou d’être poussée) à abandonner la partie, elle est devenue l’ombre d’elle-même.
Portrait d’un bourreau       
Au premier abord, il est charmant, plutôt brillant. Puis son ton se fait monocorde, son discours condescendant, son air supérieur. Ses armes favorites : isoler, disqualifier, refuser la communication, brimer. Inutile de le raisonner.     
" Un individu pervers est constamment pervers, précise M.F. Hirigoyen. Il est fixé dans ce mode de relation à l’autre et ne se remet jamais en question. " Il n’éprouve pas la moindre culpabilité : faire souffrir ne le fait pas souffrir, au contraire. Il est incapable d’empathie, incapable même d’identifier la souffrance de l’autre, puisque l’autre n’existe pas pour lui. Il nie son intégrité et son humanité. Son talent : taper là où ça fait mal et se faire passer lui-même pour victime de la prétendue incompétence ou malveillance de son bouc émissaire. A savoir : lorsque la victime décide de se soustraire à ses assauts, le pervers peut faire preuve d’une gentillesse inattendue. Sinon, privé de sa substance vitale, il se cherche au plus vite une nouvelle proie. 



(Laurence Lemoine)

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